« Cause I got issues, but you got ’em too
So give ’em all to me, and I’ll give mine to you »

« Issues » de Julia Michaels

Il y a quelques jours, je croise sur ma route dans le RER, un homme qui était en train de chanter.

J’ai aimé sa bouille. Il devait être néo-zélandais, sa peau ambrée et ses taches de rousseur foncées étaient caractéristiques.

Après quelques minutes, je me sens joyeuse de l’entendre et lui dis que c’est chouette de l’entendre chanter ainsi.

Alors que je pensais enclencher un élan positif, il s’est mis à m’agresser en me vociférant dessus.

J’ai senti le mouvement typique de mes mandibules qui se bloquent, quand je me sens humiliée, attaquée surtout injustement. J’ai senti un grand vide autour de moi et une forme de panique intérieure me submerger en mode « Qu’est-ce qu’il m’arrive ». J’étais dépassée.

Après quelques secondes, pour sortir de l’état de sidération dans lequel j’étais, j’ai eu un saut de cerveau, je me suis dit : « Connecte toi à ce que ça te fait, indépendamment des faits ». Qu’est-ce que je ressentais à ce moment précis ?

Pas de peur, bien qu’il ait l’allure d’un pilier de rugby, je n’ai pas eu peur.

Pas la colère, je n’en ai pas ressenti.

De l’incompréhension, je ne voulais qu’être en lien.

J’ai ressenti de la déception aussi, j’ai été déçue que ma tentative d’enjolivement du quotidien avec un compliment gratuit, se solde par un échange infertile voire violent.

Et j’ai été surprise, à deux titres : surprise que la violence s’invite aussi fort et se déclenche aussi vite, tout ça pour un compliment mal placé. Surprise aussi qu’elle vienne de cet homme que j’avais « imaginé » être un gros nounours sympathique.

J’ai intégré que la spontanéité n’était parfois pas de mise. 

Et comme je le dis souvent à mon fils, il faut apprendre à observer le territoire de l’autre avant d’y rentrer, même si tu crois y entrer avec les meilleures intentions. Sans consentement mutuel, ça peut te péter à la figure.

Ce que je retiens de cette aventure REResque, c’est que me détacher des faits pour me connecter à ce que j’ai ressenti, profondément, m’a fait énormément de bien. 

Ne pas me laisser embarquer par la claque émotionnelle m’a ancrée.

En le disant, j’espère le retenir.


© Julia Michaels / ©Benny Bianco / © Justin Tranter / © Mikkel Storleer Eriksen / © Tor Erik Hernansen