« … Using words, you will find, are strange
Mesmerised as they light the flame
Feel the new wind of change
On the wings of the night »

« On the turning away » de Pink Floyd

Cette chanson m’habite en ce moment. Je l’écoutais à fond les manettes dans ma chambre de petite jeune fille. Cet album « A momentary lapse of reason » est le premier CD que mes parents m’ont offert. Ça en disait long sur mon envie de comprendre pourquoi je fonctionne et comment.

La semaine dernière, je déjeunais avec mon amie Solène. Nous évoquions les posts que je partage depuis peu et les raisons qui me motivaient.

Jusque-là, jamais je n’avais raconté ma vie sur les réseaux sociaux. Alors pourquoi maintenant ? Dans le train du retour, je me suis penchée sur la question : Pourquoi est-ce que j’écris et surtout est ce que je poste ?

J’ai toujours écrit, depuis que je suis vraiment jeune. Et aussi loin que je me souvienne, ça m’a toujours fait du bien, comme si je me confiais à une amie bienveillante qui m’écoutait sans m’interrompre, pour laisser mon raisonnement cheminer et avancer.

Ecrire me permet de mieux me comprendre. Le fait de poser les maux notamment, sous forme de mots, me permet de prendre de la hauteur, de la distance.

Ecrire instaure un dialogue avec moi-même. En fait, cette amie bienveillante c’est moi, c’est mon miroir intérieur. Ecrire me permet de me voir faire et donc de mieux m’appréhender.

Encore à cet instant précis, je le sens, écrire me donne l’occasion de décortiquer ce qui se passe, de m’interroger, de me connecter à mon corps pour sentir la métabolisation qui s’opère.

Ecrire me libère aussi, libère mon cerveau du poids très lourd de la rumination.

Ok mais alors poster. Pourquoi cette forme d’impudeur ? Quel besoin ai-je de partager aux autres ces voyages dans l’intime, ces réflexions privées ?

En fait, je crois très profondément que le fait de nommer les choses et de les partager à quelques personnes ou à un grand nombre, permet de déployer l’énergie de sédimentation, celle qui permet d’avancer d’étapes en étapes.

Quand j’envoie aux autres ce que j’ai compris – je me vois faire le geste d’envoyer ma main vers le ciel – je sens un double mouvement en moi. A la fois, je me sens plus légère, presque débarrassée et simultanément, je sens que quelque chose en moi se met en place pour de bon, s’intègre.

Ça me fait penser à la satisfaction, voire la jubilation, que nous pouvons ressentir avec mon fils, quand nous trouvons la pièce de son puzzle de dinosaures que nous avons cherché si longtemps. Le trou est comblé, quelle fierté. Soupir d’apaisement.

Partager me permet de donner à voir ma vulnérabilité et je sens que ça fait partie de mon chemin, même si ce n’est pas encore très clair. Work in progress.

Et bien sûr, je poste aussi en me disant que peut être, ce que j’ai compris sur moi pourra servir à d’autres. Peut-être que mon travail d’analyse introspective pourrait être utile. Ça rejoint mon sens de la mission. J’ai toujours eu cette sensation que j’étais venue sur cette terre pour accomplir des choses, être utile. C’est très égotique, je le reconnais. C’est comme ça. Ne faire les choses que pour moi m’a toujours emmerdé, ça manque d’envergure, d’ambition. Alors voilà !

C’est déposé, c’est envoyé, c’est intégré !


© Anthony Moore / © David Gilmour