« Sachez que c’est l’espoir qui gagne
Et qui terrasse l’indifférence
C’est lui qui déplace des montagnes
C’est lui qui provoque la chance
Et c’est l’envie et non la rage
Qui doit tracer votre chemin
Il doit y avoir dans vos bagages
Du courage pour vos lendemains »

« Mes enfants » de Grégoire

Tous les jours, je me dis que d’autres font mieux que moi ou bien font déjà ce que j’imagine faire, alors à quoi bon ? Je doute.

Et tous les jours je me dis : « Ne pense pas à ce que font les autres. Si tu le sens, fais-le et tu verras bien ce qui se passe. »

Le doute, la remise en cause sont deux de mes grandes forces.

Ils me permettent, en permanence d’ailleurs, d’avancer, de chercher, de comprendre, mettant en pause les certitudes souvent égotiques, les miennes et celles des autres. Je lis, je me renseigne, j’interroge, j’essaye de comprendre, j’ouvre les champs.

En même temps, ce « talent à douter » me fatigue.

D’abord, je voudrais le mettre en pause parfois. Pouvoir vivre à certains moments, dans une forme de certitude, qui me ferait des vacances et me permettrait de dormir la nuit.

Ensuite, je doute parce que mon besoin de liens et d’harmonie fait que je cherche à trouver un consensus qui conviennent à tous. Comment voulez-vous que mon cerveau se pose. J’en oublie au passage mes propres besoins.

Surtout, j’ai constaté que le doute m’envahit après une scène de violence impromptue. La position très affirmée de mon interlocuteur provoque chez moi une forme d’anesthésie, qui bloque toute connexion à mes ressentis. Jusqu’à me laisser malmener, presque sans pouvoir réagir, sans me défendre. Je me fige.

Je suis bluffée par les gens qui ressentent instantanément ce qui est juste ou non et le nomme. Leur détecteur de « limites franchies / devoir d’autoprotection » est en veille permanente. Du coup, ils réagissent du tac au tac sans réfléchir, très assertifs. Leur instinct animal est fascinant. Ils se défendent.

Chez moi, le figement est mon mode de défense, tout mon système me protège de trop de violence. C’est sa manière à lui de mettre des limites.

Une fois cette phase passée, mon système se réveille, je sens et je comprends que quelque chose d’injuste, de violent ou de juste « pas OK » s’est passé. Mon corps se met à réagir à nouveau, ma tête tourne en boucle pour poser à plat les faits objectifs. Et dans un premier temps, je doute de ce que j’ai vécu, je doute de mes ressentis, justes ou pas et je m’interroge sur la suite à donner. Finalement, les choses s’ordonnent et j’agis mais ca prend parfois un certain temps.

Mon éducation avec très peu de cadre (ok, pas ok), l’impossibilité structurelle de donner mon avis et beaucoup de jugement a laissé des traces énormes, notamment cette forme de sidération. Je n’ai pas appris à affirmer mes ressentis et mes points de vue, bien que je ressente instinctivement les choses. C’est mon histoire.

Maintenant, comment transmettre à mon fils une affirmation de soi qui m’est si étrangère ? Ecoute et liberté d’expression, cadre et absence de jugement est un bon début !

Et lui transmettre une forme d’affirmation de soi qui laisse, aussi, sa place au doute vertueux.

C’est posé. Si vous avez des retours d’expérience, je suis preneuse.


© Grégoire / Boissenot